mercredi, février 06, 2008

un article de COSEFEB; www.cosefeb.org

SITUATION ACTUELLE EN BIRMANIE

En 2006, la politique de la junte birmane consistant en une militarisation systématique des régions ancestrales des minorités du pays a entraîné son lot annuel de violations des droits humains et d’exactions à leur encontre (extorsion des terres, travail forcé, déplacement de population, enrôlement des enfants dans l’armée, etc.). Mais pour les Karen, la situation a pris une tournure particulièrement dramatique. Suite à l’édification de la nouvelle capitale birmane qui remplace Rangoun. Naypyidaw, cette ville surgie de la jungle en 2005 à 450km à l’intérieur des terres se trouve en effet à proximité du nord de l’Etat Karen, ce qui a motivé l’amplification du « nettoyage ethnique » dans cette région.

Éradiquer définitivement la résistance armée du KNU (Karen National Union) afin d’assurer la sécurité de la nouvelle capitale, de construire des barrages, et de faire des travaux destinés à son développement, est devenu un objectif de la junte birmane. Son armée a ainsi détruit systématiquement des dizaines de villages karen. Plus de 27 000 personnes se sont enfuies dans les forêts proches de la frontière thaïlandaise, ce qui porte à près de 150 000 le nombre de ceux qui y survivent dans la plus grande précarité. Les conditions de vie des victimes de cette dernière offensive sont particulièrement dramatiques (ni nourriture ni soins) et leur retour dans leurs villages est rendu impossible par l’armée car elle pose des mines antipersonnelles dans les sites évacués, et elle tire à vue sur tout Karen qui y revient. Les violations des droits humains sont innombrables et poussent de nombreuses victimes à demander l’asile en Thaïlande.

En janvier 2007, le Conseil de Sécurité de l’ONU a (enfin) examiné une résolution présentée par les pays occidentaux quoi qu’édulcorée pour satisfaire la Chine et la Russie. Ce texte « recommande » notamment au gouvernement birman de libérer Mme Aung San Suu Kyi et les prisonniers politiques, et de mettre fin à la répression des minorités. Mais la Chine et la Russie ont chacune opposé leur veto, appuyées par un allié inattendu, l’Afrique du Sud. Le soutien de ces puissances fait que l’action internationale contre la junte birmane est pour l’instant gelée.

Au cours du premier semestre 2006 la Thaïlande a accepté 3 000 rescapés dans les deux camps de réfugiés les plus proches du terrain des opérations, dont celui où le COSEFEB soutient plusieurs activités. Ceux qui avaient de la famille dans ces camps ont été autorisés à la rejoindre ; ceux qui n’en avaient pas ont été regroupés dans une section spéciale.

Mais en Septembre 2006 un coup d’état militaire est survenu en Thaïlande, et depuis lors ce pays traverse une grave crise politique. Le gouvernement militaire provisoire ne manifeste guère de sympathie pour son homologue birman, mais il craint d’être submergé par le déferlement des réfugiés, aussi fait-il pression sur les groupes armés des minorités pour qu’ils cessent de résister à la junte birmane. Aucun nouveau réfugié n’est officiellement accepté, et le contrôle des frontières est renforcé. De ce fait, un camp s’est agglutiné du côté birman, sur le bord du fleuve Salween qui sert de frontière à cet endroit. Par accord tacite entre les parties concernées, ce camp est ravitaillé (petitement et discrètement) par des ONG basées en Thaïlande - qui ne peuvent pas y entrer puisqu’il est en territoire birman. Pour l’instant l’armée birmane respecte ce statut quo, mais le moindre incident pourrait déclencher un massacre. Un deuxième camp est nécessaire pour sauver de la catastrophe humanitaire plus de 3 000 autres personnes qui dépérissent dans les forêts alentour. Mais organiser un camp dans ce contexte est périlleux, d’autant que la population concernée est très traumatisée.

En ce qui concerne les migrants et les réfugiés de facto, ceux qui vivent hors des camps, le gouvernement militaire thaïlandais se dit ouvert à l’insertion de ceux qui sont déjà en situation régulière. Mais il ne veut pas faire de nouvelle opération de régularisation. Or selon les estimations de l’Organisation Internationale des Migrations (OIM), il y aurait deux millions et demi de migrants en Thaïlande, dont 80% sont des Birmans. Ce chiffre inclut les légaux et les illégaux ainsi que les enfants. On estime donc à un million le nombre de Birmans en situation illégale. Ils travaillent dans les secteurs où la main d’oeuvre thaïlandaise est déficitaire. Malgré un intérêt croissant des grandes ONG pour leur venir en aide leurs conditions de vie demeurent rudes et précaires.

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