mardi, juillet 14, 2009

La Birmanie dit préparer une amnistie de détenus politiques

La Birmanie dit préparer une amnistie de détenus politiques
NEW YORK (AFP)

La Birmanie se prépare à amnistier des prisonniers politiques "pour des raisons humanitaires" afin de leur permettre de participer aux élections en 2010, a indiqué lundi l'ambassadeur birman à l'ONU, Ban Ki-moon qualifiant le geste "d'encourageant" et l'opposition faisant part de son scepticisme.
"A la demande du secrétaire général (de l'ONU, Ban Ki-moon), le gouvernement du Myanmar (nom donné à la Birmanie par la junte) se prépare à accorder une amnistie aux prisonniers pour des raisons humanitaires avec l'objectif de leur permettre de participer aux élections générales de 2010", a déclaré l'ambassadeur U Than Swe devant le Conseil de sécurité de l'ONU.
"Les défis auxquels fait face le Myanmar sont complexes et à multiples facettes", a-t-il ajouté. "Une pression injustifiée de l'extérieur qui ne prendrait pas en compte pleinement les défis du Myanmar ne serait pas favorable au processus politique du pays", a-t-il encore déclaré, affirmant que "la Birmanie ne constitue pas une menace pour la paix et la sécurité internationales".
M. Ban a qualifié l'amnistie promise par le régime birman "d'encourageante", devant la presse mais a avoué "ignorer qui serait concerné" par la mesure. L'opposition birmane, quant à elle, s'est déclarée sceptique.
"On saluerait cette initiative s'ils (les membres de la junte) libéraient des prisonniers dans le cadre d'une amnistie, mais très peu de prisonniers politiques ont été inclus dans les amnisties précédentes", a indiqué Nyan Win, le porte-parole du parti d'Aung San Suu Kyi, la Ligue nationale pour la démocratie (LND).
"La libération de Aung San Suu Kyi dépend des autorités et on n'a pas de grands espoirs", a estimé le porte-parole de la LND.
De son côté, le secrétaire général de l'ONU compte "suivre de près la suite donnée (par les autorités) aux questions" soulevées lors de son déplacement en Birmanie au début du mois de juillet, durant lequel il avait clairement signifié aux autorités que l'opposante Aung San Suu Kyi devait "être libérée et autorisée à participer aux élections".
Auparavant, lors d'un compte-rendu oral de son voyage au Conseil de sécurité de l'ONU, M. Ban avait averti les dirigeants du régime militaire birman qu'ils devaient respecter leur promesse d'organiser des élections "représentatives, libres et justes" l'an prochain.
"Il ne peut pas y avoir d'élections libres et justes tant que les responsables de l'opposition démocratique birmane, y compris Aung San Suu Kyi et plus de 2.000 autres prisonniers politiques, restent en prison", a renchéri devant le Conseil de sécurité la déléguée américaine, Rosemary DiCarlo.
Lors de son déplacement en Birmanie, le secrétaire général des Nations unies n'avait pas été autorisé par la junte militaire à rendre visite à Aung San Suu Kyi, la seule lauréate du prix Nobel de la paix privée de liberté.
Lorsqu'il a appris qu'il ne pourrait pas la voir, M. Ban a rapporté lundi avoir ressenti "non seulement une grande déception, mais aussi que le Myanmar était passé à côté d'une grande occasion".
L'opposante à la junte militaire a passé 13 des 19 dernières années en résidence surveillée, depuis que le régime a refusé d'admettre la victoire de la leader de l'opposition aux dernières élections organisées par la junte en 1990.
Actuellement en procès, Aung San Suu Kyi risque jusqu'à cinq ans de prison pour avoir hébergé un Américain chez elle.
"Le Conseil (de sécurité) se devra de réagir avec fermeté si Mme Aung San Suu Kyi venait à être condamnée", a relevé Jean-Maurice Ripert, représentant permanent de la France à l'ONU.

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